Michel Roth : l'élégance et l'humilité d'un maître

Dans le panthéon de la gastronomie française, certains noms résonnent avec une force particulière. Celui de Michel Roth brille d’une lumière douce mais constante, portée par une gentillesse légendaire et un palmarès qui force le respect. Bocuse d’or 1991, Meilleur ouvrier de France la même année, doublement étoilé au Ritz pendant des années, ce Lorrain discret incarne à merveille la cuisine de palace, celle qui allie technicité irréprochable et générosité du geste.

À 65 ans, loin de prendre sa retraite, il multiplie les projets et continue de transmettre avec une passion intacte. Portrait d’un chef qui a choisi son métier « pour rendre les gens heureux ».

Les racines lorraines : une enfance au goût du terroir

Le 7 novembre 1959, Michel Roth naît à Sarreguemines, en Moselle, aux confins de la Lorraine et à la frontière avec l’Allemagne.

Cette terre de traditions culinaires généreuses va profondément marquer son identité. Ici, on ne plaisante pas avec la bonne chère : la tourte lorraine, les quiches, les mirabelles et les plats mijotés rythment les repas de famille.

Très tôt, le jeune Michel passe du temps dans la cuisine familiale, aux côtés de sa mère et de sa grand-mère. « Dès mon plus jeune âge j’étais souvent en cuisine avec ma mère et ma grand-mère, elles m’ont appris mes premières recettes », confie-t-il. Ces moments simples, empreints de convivialité, constituent ses premières madeleines de Proust culinaires.

La tourte lorraine restera d’ailleurs le plat préféré de toute sa famille, « elle rappelle les jours de fête au village », avec sa marinade au vin blanc, au persil et à l’échalote enrobée de pâte.

C’est son père qui, observant la passion naissante de son fils, lui prédit un avenir dans la gastronomie. « C’est mon père qui a vu naître ma passion et qui m’a un jour dit « tu seras cuisinier » », se souvient Michel Roth.

Cette prédiction paternelle se révélera prophétique. Mais la tragédie frappe rapidement : le jeune homme perd son père quelques mois seulement après avoir débuté son apprentissage à 15 ans. Un deuil douloureux qui le pousse à s’accrocher encore davantage à son métier.

L’apprentissage : la forge d’un grand chef

À 15 ans, Michel Roth entame son apprentissage à l’Auberge de la Charrue d’Or à Sarreguemines, chez un ami de son père. Les débuts sont éprouvants« Les débuts étaient très durs, car je n’avais pas vraiment de notions, je ne connaissais pas les horaires… Il a d’abord fallu s’adapter à ces contraintes », raconte-t-il avec lucidité.

Mais c’est là, sous la houlette exigeante de son maître d’apprentissage qui le prend « un peu sous son aile » après le décès de son père, que se forge le caractère du futur grand chef. Le jeune homme apprend la rigueur, la discipline, le respect des produits et des gestes.

En 1977, à seulement 18 ans, il devient Meilleur Apprenti de France, remportant également la médaille d’or à l’Exposition Eurogast à Sarrebruck en Allemagne. Ce titre prestigieux marque le début d’une longue succession de récompenses qui jalonnera sa carrière.

Le tour des grandes maisons alsaciennes

Après cet apprentissage fondateur, Michel Roth entame un tour des plus belles tables de l’Est de la France. Il travaille sous la direction de Charles Herman, Meilleur Cuisinier de France, puis multiplie les expériences dans des établissements de renom : le Crocodile à Strasbourg, l’Auberge de l’Ill à Illhausern, Saint-Hubert. Ces maisons étoilées d’Alsace lui permettent d’affiner sa technique et de découvrir l’exigence de la haute gastronomie.

En 1978, il fait le grand saut vers Paris et rejoint les cuisines de Ledoyen, table historique des Champs-Élysées, où il occupe le poste de second commis. C’est là qu’il croise Guy Legay, un chef qui marquera profondément sa trajectoire professionnelle.

Le Ritz : dix-neuf années de fidélité et d’ascension

En 1981, à 22 ans, Michel Roth franchit les portes du palace le plus mythique de Paris : le Ritz, place Vendôme. Il entre comme premier commis de cuisine sous la direction de Guy Legay, chef exécutif de l’établissement. Cette entrée au Ritz marque le début d’une histoire d’amour de près de vingt ans avec cette maison légendaire.

Pendant ces années, le jeune Lorrain va gravir tous les échelons avec patience et détermination. Il observe, apprend, perfectionne son art dans ce temple du luxe et du raffinement où l’excellence n’est pas une option mais une exigence quotidienne. En 1992, il devient chef de cuisine du restaurant L’Espadon, restaurant gastronomique du Ritz. À 33 ans, il accède à l’un des postes les plus prestigieux de la gastronomie française.

1991 : l’année de la consécration

L’année 1991 reste gravée dans les annales de la gastronomie française comme celle de la double consécration de Michel Roth. En quelques mois, il remporte coup sur coup deux des titres les plus prestigieux de la profession : le Bocuse d’or et le titre de Meilleur Ouvrier de France.

Le Bocuse d’or, créé par Paul Bocuse en 1987, est considéré comme le championnat du monde de la gastronomie. Y remporter l’or représente une reconnaissance internationale de premier plan.

La même année, Michel Roth obtient le col bleu-blanc-rouge des Meilleurs Ouvriers de France, distinction suprême qui couronne une excellence technique absolue.

Ces titres s’ajoutent à un palmarès déjà impressionnant : Prix Culinaire International Pierre Taittinger en 1985, Trophée International Auguste Escoffier en 1986. À 32 ans, Michel Roth entre dans la cour des très grands.

La parenthèse Lasserre

Le 10 juin 1999, après dix-huit ans passés au Ritz, Michel Roth décide de relever un nouveau défi. Il quitte l’Espadon pour rejoindre le restaurant Lasserre, avenue Franklin-Roosevelt, autre institution parisienne fondée en 1942. Il y occupe le poste de chef des cuisines.

Mais cette aventure sera de courte durée. En septembre 2001, à peine deux ans plus tard, le Ritz le rappelle. La direction du palace souhaite lui confier la direction complète de ses cuisines. Michel Roth accepte sans hésiter« Il ne résiste pas à la proposition du Ritz qui l’invite à reprendre la direction des cuisines », note sa biographie officielle.

Il devient ainsi le neuvième chef du Ritz en cent dix ans d’existence, un poste qui témoigne de la confiance absolue que lui accorde l’établissement.

Deux étoiles au Guide Michelin

En mars 2009, la récompense suprême arrive : le Guide Michelin décerne une deuxième étoile au restaurant L’Espadon et à Michel Roth.

Cette distinction couronne près de trente ans de carrière et dix-sept ans passés aux fourneaux du Ritz. Le guide rouge salue une cuisine de palace réinventée, classique mais créative, rigoureuse mais généreuse.

Michel Roth conservera ces deux étoiles jusqu’au 1er août 2012, date de fermeture du Ritz pour une rénovation complète qui durera plusieurs années. Le palace rouvre ses portes en 2016, mais entre-temps, Michel Roth aura choisi de prendre un nouveau virage dans sa carrière.

Genève : une renaissance helvétique

La fermeture du Ritz en 2012 aurait pu marquer la fin d’un chapitre. Au contraire, elle ouvre une nouvelle page passionnante. Michel Roth profite de cette parenthèse pour créer sa société de conseil en gastronomie. Sollicité de toutes parts, il reçoit de nombreuses propositions, notamment du Japon et des États-Unis. Mais c’est une opportunité suisse qui va retenir son attention.

En septembre 2012, à 53 ans, il prend un poste de chef exécutif et conseiller culinaire à l’Hôtel Président Wilson à Genève, palace cinq étoiles situé au bord du lac Léman. « Je ne me suis pas retrouvé parachuté à Genève par hasard, j’ai eu un vrai coup de foudre pour cet hôtel et cette ville », confie-t-il.

Le restaurant Bayview : une étoile en un an

Au Président Wilson, Michel Roth reprend les commandes du restaurant Bayview, situé au huitième étage avec une vue panoramique sur le lac et le jet d’eau.

La famille propriétaire de l’hôtel tient à le faire participer à l’ensemble des tâches liées à l’élaboration du projet : décoration, recrutement du personnel, conception des menus.

Le succès est fulgurant : en novembre 2013, à peine un an après son arrivée, le Bayview obtient une étoile au Guide Michelin et la note de 17/20 au Gault & Millau. En 2016, le restaurant est promu restaurateur romand de l’année et obtient 18/20 au Gault & Millau. Cette réussite témoigne de la capacité de Michel Roth à s’adapter, à se renouveler tout en restant fidèle à ses valeurs.

À Genève, le chef se sent libéré. « Mes années passées au Ritz m’avaient fait rentrer dans un moule », avoue-t-il. Il ose de nouvelles associations, travaille des produits locaux comme la féra et l’omble chevalier, se lâche en termes de présentation. 

« Même si l’on ne change pas un homme après quarante ans de métier, je m’efforce – sans me forcer – de faire constamment évoluer ma cuisine, surtout au niveau de la légèreté. Je me sens libre et débridé », explique-t-il au journal Le Temps.

Une philosophie culinaire : les bases, la tradition, l’émotion

Définir la cuisine de Michel Roth, c’est toucher du doigt l’essence même de la grande gastronomie française. Le chef la résume en quelques mots : « Ma cuisine, ce sont d’abord et avant tout, les bases, la tradition, les saisons, les terroirs. Ensuite, je crée des saveurs, des mélanges selon mon instinct du moment et avec l’envie de surprendre ».

Le jeu des saveurs

Michel Roth aime jouer sur l’amertume, « bien dosée, qui amène de la surprise ». Il travaille l’acidité qui « réveille les goûts »« C’est souvent le dosage de ces saveurs qui fait la différence et c’est ce qui est complexe », précise-t-il. La précision du geste revêt également une importance capitale dans sa cuisine.

Mais au-delà de la technique, c’est l’émotion qui guide son travail« Il faut avoir l’envie, le plaisir de faire la cuisine, avoir envie de goûter. Et la meilleure récompense, c’est d’entendre que les gens ressentent du bonheur », confie-t-il. Cette philosophie transparaît dans chacun de ses plats.

Des plats signatures qui racontent des histoires

Au fil de sa carrière, Michel Roth a créé des plats signatures qui sont devenus des classiques. La tourtière de foie gras truffée sauce périgourdine, qu’il servait au Ritz, reste une référence absolue de la cuisine de palace. Son tourteau à la crème de céleri, vodka et oignons rouges témoigne de sa capacité à marier saveurs classiques et touches d’audace.

L’oursin aux sommités de chou-fleur romanesco et son émulsion d’huîtres illustre sa maîtrise des produits de la mer.

« Cela peut toujours rester gravé dans les mémoires comme des moments d’émotion, c’est ce que je cherche quand je cuisine », explique-t-il. Cette quête de l’émotion, ce désir de provoquer du bonheur chez le convive constituent le fil rouge de toute sa démarche culinaire.

Transmission et pédagogie : un engagement sans faille

Si Michel Roth brille par son talent aux fourneaux, il se distingue tout autant par son engagement indéfectible dans la transmission. Convaincu que la formation des jeunes générations est essentielle à la pérennité de la gastronomie française, il consacre une part importante de son temps à la pédagogie.

Directeur du savoir-faire chez Lenôtre

En 2015, Michel Roth intègre la prestigieuse École Lenôtre au poste de directeur du savoir-faire. Cette nomination marque une nouvelle étape dans sa carrière et témoigne de sa volonté de transmettre son expertise aux futures générations de cuisiniers.

« Pour enseigner il faut aimer les gens, aimer être avec eux, avoir envie d’expliquer et de partager », déclare-t-il lors de sa nomination. Il ajoute : « Gaston Lenôtre était quelqu’un de naturel qui aimait la vie et transmettre son savoir-faire. Il a créé une maison qui a une âme, dans laquelle il se passe quelque chose ».

À la tête de l’École Lenôtre, Michel Roth accélère le développement international de l’institution, fait évoluer l’offre de formation et développe les activités de conseil. Son arrivée, aux côtés d’Éric Léautey nommé directeur de l’école, insuffle une nouvelle dynamique à cette institution fondée par Gaston Lenôtre.

Vice-président du concours des Meilleurs Ouvriers de France

Michel Roth attache « énormément d’importance au concours du Meilleur ouvrier de France ». En sa qualité de vice-président du concours, il organise les thèmes, choisit les jurés et veille à ce que les cahiers des charges des écoles soient à jour. « Cela reste une référence, une marque de fabrique reconnue pour l’excellence à la française. Une rigueur incroyable et des mois de travail », explique-t-il.

Dans un monde qui change rapidement, où les heures de travail dans la restauration sont désormais comptées, ce concours représente pour lui plus que jamais un gage d’excellence et de perpétuation du savoir-faire français.

Président de l’Académie des Bocuse d’Or

Depuis 2009, Michel Roth préside le concours Les Chefs en Or et, depuis 2010, l’Académie des Bocuse d’Or, prix qu’il a lui-même remporté en 1991. À ce titre, il soutient les candidats français, les conseille, les encourage. Il représente également la France lors des épreuves internationales et participe au rayonnement de la gastronomie française dans le monde.

Les projets actuels : un chef toujours en mouvement

À 65 ans, loin de ralentir le rythme, Michel Roth multiplie les casquettes et les projets. Son agenda témoigne d’une activité débordante et d’une passion intacte pour son métier.

La Table par Michel Roth à Roissy

Au Terminal 2D de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, Michel Roth a ouvert La Table par Michel Roth. Ce restaurant permet aux voyageurs de découvrir sa cuisine dans un cadre aéroportuaire. Le chef s’y rend régulièrement pour travailler avec son équipe sur les nouveaux plats et veiller à la qualité de l’expérience proposée.

La Table cachée de Michel Roth au BHV

Au cœur de Paris, au cinquième étage du grand magasin BHV en face de l’Hôtel de Ville, se niche La Table cachée de Michel Roth« C’est un restaurant très cosy avec une vue sur le tout Paris », décrit le chef. Ce lieu intimiste permet aux Parisiens de découvrir sa cuisine dans un cadre élégant et confidentiel.

Le Bayview à Genève : toujours aux commandes

Michel Roth reste chef exécutif et consultant au restaurant Bayview de l’Hôtel Président Wilson à Genève. « J’y vais deux fois par mois et j’y travaille quatre à cinq jours d’affilée, pour les changements de carte ou des événements particuliers », précise-t-il. À ses côtés, Danny Khezzar, jeune chef révélé par l’émission Top Chef, assure le quotidien des cuisines.

Président du Studio Culinaire Servair

En juin 2024, Michel Roth est nommé président du Studio Culinaire Servair pour une durée de deux ans. Il succède à Régis Marcon et rejoint ainsi un cercle très fermé de grands chefs (Anne-Sophie Pic, Guy Martin, François Adamski, Bruno Goussault) qui travaillent à élever les standards de la restauration aérienne.

Membre du Studio Culinaire depuis 2013, il a signé à de nombreuses reprises les menus des classes Business et First d’Air France. « Je suis très fier et honoré de succéder à notre ami Régis qui, par ses idées, ses engagements, et ses actions, a donné l’impulsion au Studio Culinaire Servair », déclare-t-il.

Ambassadeur et chef conseil

Michel Roth est également ambassadeur de la région Lorraine, chef conseil pour de nombreux établissements et intervient régulièrement dans des événements gastronomiques. En mars 2025, il participe activement à la venue du Guide Michelin à Metz pour la présentation du Guide France 2025, événement majeur pour sa région natale.

Distinctions et reconnaissance

Le palmarès de Michel Roth impressionne par sa longueur et la diversité des récompenses obtenues. Au-delà des titres de Bocuse d’or et de Meilleur Ouvrier de France remportés en 1991, il a reçu :

  • 1977 : Meilleur Apprenti de France et médaille d’or à l’Exposition Eurogast à Sarrebruck
  • 1985 : Prix Culinaire International Pierre Taittinger
  • 1986 : Trophée International Auguste Escoffier
  • 1997 : Médaille de la Ville de Paris
  • 2003 : Chevalier de l’Ordre National du Mérite
  • 2006 : Chevalier de la Légion d’honneur
  • 2014 : Médaille des cuisiniers de la République française

Cette accumulation de distinctions fait de lui l’un des chefs les plus titrés de France. Pourtant, Michel Roth n’aime pas les mettre en avant. « Je n’aime pas mettre en avant ces titres mais je suis convaincu que ça amène à de nouvelles réflexions, de nouvelles techniques, de nouveaux produits », confie-t-il avec humilité.

Un chef parrain et engagé

Au-delà de sa carrière culinaire, Michel Roth s’engage dans plusieurs causes qui lui tiennent à cœur. Depuis 2014, il est le parrain de l’association Croq’l’Espoir, qui œuvre pour améliorer le quotidien des enfants hospitalisés. Il a présidé plusieurs éditions du dîner gastronomique caritatif de l’association, l’Éphémère, réalisé en partenariat avec les écoles hôtelières Ferrandi, EPMT et Guillaume Tirel.

Son engagement dans la formation et la transmission se manifeste également par ses participations régulières comme chef invité dans l’émission Top Chef sur M6, où il apparaît dès la saison 1 en 2010. « Il est le premier chef invité étoilé dans l’histoire de Top Chef », note le Wiki de l’émission.

L’homme derrière le chef : gentillesse et simplicité

Si les titres et les étoiles impressionnent, c’est avant tout la gentillesse légendaire de Michel Roth qui marque tous ceux qui le croisent. « Si nous devions établir la liste de toutes les qualités dont est pourvu le chef, nous en mettrions une en avant : sa gentillesse. Elle fait l’unanimité », note le magazine Thuriès.

« Michel Roth est un homme au ton de voix posé et doux », décrit Le Temps. « Si sa veste de cuisine – arborant sur le col le ruban tricolore emblème des Meilleurs ouvriers de France – ne le trahissait pas, il serait difficile de croire qu’il puisse avoir le tempérament d’un cuisinier ».

Cette douceur n’empêche pas l’exigence. Mais elle se manifeste dans le respect, l’écoute, la bienveillance envers ses équipes. « Grand chef talentueux, humble et généreux, d’une gentillesse incomparable », résume un portrait. Comme Paul Bocuse qu’il admire profondément, Michel Roth « a su rester plein de simplicité et accessible à tous ceux qui partagent sa passion ».

Un attachement indéfectible à la Lorraine

Malgré une carrière qui l’a mené à Paris, Genève et dans le monde entier, Michel Roth reste profondément attaché à ses racines lorraines« J’ai eu beaucoup de sollicitations notamment pour aller à l’étranger mais mon attachement à ma famille et à la Lorraine a fait que j’ai refusé », confie-t-il.

Les asperges, qu’il a découvertes enfant en Alsace voisine, restent l’un de ses produits préférés. La tourte lorraine demeure le plat familial par excellence. Et c’est avec fierté qu’il représente sa région natale lors des grands événements gastronomiques.

Héritage littéraire et transmission

Michel Roth a publié plusieurs ouvrages qui permettent au grand public d’accéder à son univers culinaire. En 2011, il signe « Ritz Paris : Haute Cuisine » (Flammarion), livre magnifique qui témoigne de ses années au palace parisien. En 2018, il publie « La cuisine de Michel Roth au Président », ouvrage qui célèbre son aventure genevoise. « Deux livres qui ont très bien marché », se réjouit-il.

Ces publications ne sont pas de simples recueils de recettes. Elles incarnent des moments d’histoire culinaire, des témoignages d’une époque, d’un lieu, d’une philosophie. « Un livre, pour moi, c’est transmettre ce que l’on fait pendant un certain temps et qu’il puisse rester dans le temps. Cela permet de laisser une trace », explique-t-il.

Perspectives et nouveaux horizons

À 65 ans, Michel Roth incarne cette génération de chefs qui ont révolutionné la gastronomie française tout en respectant la tradition. Il a su évoluer avec son époque, s’adapter aux nouvelles exigences, se renouveler sans jamais renier ses racines.

« Je me découvre une deuxième jeunesse. Il faut vivre chaque moment mais surtout ceux liés à son époque », confie-t-il. Cette capacité à rester dans le présent, à continuer d’évoluer, explique sa longévité au sommet et le respect unanime dont il jouit dans la profession.

Son conseil aux jeunes cuisiniers ? « La passion, elle, arrive et grandit au fil des années. Si je devais donner un conseil, ce serait d’être patient. Ne pas brûler les étapes. La cuisine est un métier qui demande une certaine expérience et on a besoin de mûrir pour exprimer ses plus belles notes. Être toujours à l’écoute, prendre du recul, profiter du moment, savourer avant de passer un cap ».

Une leçon d’excellence et d’humilité

Le parcours de Michel Roth offre plusieurs enseignements précieux. D’abord, celui de la fidélité : fidélité au Ritz pendant près de vingt ans, fidélité à ses racines lorraines, fidélité à une certaine idée de l’excellence.

Ensuite, celui de la transmission : pour lui, un grand chef n’est pas seulement celui qui cuisine bien, c’est aussi celui qui forme, qui explique, qui partage.

Enfin, et c’est peut-être le plus important, Michel Roth incarne l’humilité. Malgré les titres, les étoiles, la reconnaissance internationale, il reste cet homme « simple et naturel » qui a choisi son métier pour « rendre les gens heureux »« Son rêve de cuisinier, il le réalise tous les jours, c’est donner du bonheur à tous ceux qui viennent dans son restaurant, ne jamais décevoir un gourmet ».

Dans un monde de la gastronomie parfois marqué par les égos surdimensionnés et la course aux étoiles, Michel Roth rappelle que la cuisine reste avant tout un acte de générosité, un moment de partage, une source de bonheur. Cette philosophie simple mais profonde explique pourquoi, après plus de quarante-cinq ans de carrière, il continue d’inspirer autant de respect et d’affection.


Coordonnées actuelles

  • Bayview by Michel Roth : Hôtel Président Wilson, 47 quai Wilson, 1211 Genève, Suisse – 1 étoile Michelin
  • La Table par Michel Roth : Aéroport Paris-Charles de Gaulle, Terminal 2D
  • La Table cachée de Michel Roth : BHV Marais, 5ème étage, 52 rue de Rivoli, 75004 Paris

« Symbole d’une tradition culinaire de haut vol, Michel Roth incarne l’obstination et le perfectionnisme d’un chef qui a choisi son métier pour rendre les gens heureux ». Cette phrase, qui revient comme un leitmotiv dans tous les portraits qui lui sont consacrés, résume à elle seule l’essence de cet homme exceptionnel. Un maître qui a su allier excellence technique et humanité, rigueur professionnelle et générosité du cœur. Un modèle pour toutes les générations de cuisiniers qui rêvent de faire de leur passion un art de vivre.

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