Philippe Faure-Brac : le maestro des accords parfaits

Dans l’univers raffiné de la sommellerie, un nom résonne avec une autorité particulière. Philippe Faure-Brac, Meilleur Sommelier du Monde 1992, incarne à lui seul l’excellence d’un métier longtemps resté dans l’ombre des cuisines.

Pendant plus de quarante ans, ce Marseillais passionné a œuvré sans relâche pour donner ses lettres de noblesse à la profession, former les nouvelles générations et élever l’art des accords mets-vins au rang de discipline gastronomique à part entière.

À 64 ans, propriétaire du mythique Bistrot du Sommelier depuis 1984, président d’honneur de l’Union de la Sommellerie Française, cet homme discret continue d’incarner l’élégance et la rigueur d’un métier qu’il a contribué à révolutionner.

Les racines briançonnaises : une vocation née dans les Hautes-Alpes

Le 25 février 1960, Philippe Faure-Brac naît à Marseille, mais c’est dans les montagnes des Hautes-Alpes que se forgent ses premières émotions gustatives. Ses grands-parents paternels possédaient l’hôtel-restaurant « Les 3 Chamois » à Briançon, établissement familial où le jeune Philippe passe ses vacances d’enfance. C’est là, au cœur de cette maison de tradition, que germe sa passion pour la restauration.

Fils d’Émile Louis Faure-Brac, expert-comptable, et de Jeannine Allègre, esthéticienne, rien ne le prédestinait a priori à embrasser une carrière dans la gastronomie. Mais ses grands-parents lui inoculent le virus de la cuisine et de la restauration, comme il le confiera plus tard.

Ces moments passés dans l’hôtel familial, à observer le ballet du service, à sentir les arômes qui s’échappent des cuisines, forgent chez lui une sensibilité particulière pour l’hospitalité et le bien-recevoir.

Le tournant de Nice : la révélation du vin

Paradoxalement, c’est en se formant à la cuisine que Philippe Faure-Brac découvre sa véritable vocation. Il obtient son CAP et son BEP Cuisine au lycée polyvalent Paul-Arène à Sisteron (1976-1978), puis son BTH-restauration au lycée technique hôtelier Lesdiguières de Grenoble (1978-1980). 

« Ma vocation est née par la cuisine », confiera-t-il des années plus tard.

1981 : le déclic niçois

En 1980, il arrive à l’École Hôtelière de Nice pour obtenir un BTS en gestion des entreprises de restauration et passer son CAP de Sommelier. C’est à Nice, en 1981, que tout bascule« Le déclic de la sommellerie s’est fait en 1981, à Nice », raconte-t-il. « Dans ma classe, il y avait deux élèves qui avaient gagné le concours du meilleur jeune sommelier de France. C’était en quelque sorte des vedettes… »

Ces deux camarades, auréolés de leur titre prestigieux, fascinent le jeune Philippe. Il découvre alors qu’il existe un univers entier autour du vin, une discipline exigeante, un métier noble qui allie connaissance encyclopédique, sensibilité sensorielle et art du service. « C’est lors de ses études de cuisinier que Philippe Faure-Brac se passionne pour le vin et se tourne vers le métier de sommelier », note sa biographie officielle.

Dès lors, il se plonge corps et âme dans l’apprentissage. Il étudie l’histoire de chaque région viticole, apprend à reconnaître les cépages, s’initie à l’art complexe de la dégustation. « Il est dès lors dans son élément, apprend chaque jour l’histoire de chaque région, de chaque cépage, l’art de déguster et de parler du vin ».

1982-1984 : la conquête des titres

Encouragé par ses professeurs, Philippe Faure-Brac se lance dans les concours professionnels. En 1982, il est finaliste du Trophée Ruinart du meilleur jeune sommelier de France. La déception de ne pas l’emporter le galvanise. 

En 1984, à seulement 24 ans, il décroche le titre de Meilleur Jeune Sommelier de France (Trophée Ruinart). Cette victoire marque le début d’une carrière exceptionnelle.

Le Bistrot du Sommelier : un pari audacieux à 24 ans

La même année 1984, Philippe Faure-Brac prend une décision audacieuse qui va façonner toute sa vie : il ouvre son propre établissement à Paris, le Bistrot du Sommelier, au 97 boulevard Haussmann, dans le 8ème arrondissement. À 24 ans, créer un restaurant dans la capitale représente un pari fou, un défi colossal.

Le concept est novateur pour l’époque : un « restaurant à vins », un lieu où le vin n’est plus un simple accompagnement mais devient la star de l’expérience gastronomique. L’idée est de créer un espace dédié à l’harmonie entre les mets et les vins, où Philippe Faure-Brac peut exprimer pleinement son talent de sommelier.

« Dès les premiers jours d’ouverture, son restaurant a conquis les faveurs du public », témoigne l’historique de l’établissement. « Philippe Faure-Brac y accueille ses clients dans une atmosphère chaleureuse, les conseille avec soin et veille à l’approvisionnement de la cave. » 

Cette cave deviendra légendaire, constituée au fil des années d’une sélection pointue de vignerons et d’appellations triées sur le volet.

Un restaurant-école de la dégustation

Le Bistrot du Sommelier devient rapidement bien plus qu’un simple restaurant. C’est un lieu d’apprentissage et de transmission, où les amateurs de vin peuvent affiner leur palais, découvrir des appellations méconnues, comprendre les subtilités des accords mets-vins.

Philippe Faure-Brac y développe une approche pédagogique et accessible, loin du snobisme parfois associé au monde du vin.

« Un Restaurant à vins, un lieu voué à l’harmonie des vins et des mets », résume la description officielle. Cette philosophie guide toujours l’établissement quarante ans plus tard. En 2025, le Bistrot du Sommelier reste une institution parisienne incontournable pour tous les amoureux du vin.

1988 : champion de France, en route pour le mondial

Quatre ans après avoir remporté le titre de meilleur jeune sommelier, Philippe Faure-Brac franchit une nouvelle étape. En 1988, il est sacré Meilleur Sommelier de France. Cette victoire nationale ouvre les portes de la compétition ultime : le concours du Meilleur Sommelier du Monde, organisé tous les trois ans par l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI).

« Mes professeurs m’ont encouragé à passer des concours et notamment le Trophée Ruinart du meilleur jeune sommelier de France. Je suis arrivé finaliste en 1982 et j’ai décroché le titre en 1984 », raconte-t-il. « J’ai continué d’approfondir mes connaissances et en 1988 j’ai remporté le concours du Meilleur Sommelier de France. »

Entre 1988 et 1992, Philippe Faure-Brac se prépare avec acharnement. Il affûte ses connaissances, travaille sa technique de dégustation, perfectionne son service. Le titre mondial est son obsession, son Graal.

Rio 1992 : la consécration brésilienne

En septembre 1992, Rio de Janeiro accueille le VIIème concours du Meilleur Sommelier du Monde. Trente-cinq candidats représentant vingt pays s’affrontent lors d’épreuves d’une difficulté redoutable. Philippe Faure-Brac, qui représente la France, entre dans l’arène avec détermination.

L’épreuve ultime

« Comment se passe le concours de meilleur sommelier du monde ? », lui demandera un journaliste des années plus tard. « Il y a des questions sur les appellations, l’histoire, la climatologie, les terroirs, les vignerons, la fabrication du verre, les spécificités du liège… Et puis, il y a la partie dégustation », explique-t-il. « Ça se passe sur une journée en général, on est une cinquantaine qui avons déjà réussi les épreuves régionales et nationales, et il y en a un seul qui remporte le titre… »

En septembre 1992, c’était lui. À 32 ans, Philippe Faure-Brac décroche la médaille d’or du concours mondial, devenant le septième Français à remporter ce titre prestigieux. Cette victoire projette instantanément le jeune sommelier parisien sur le devant de la scène internationale.

« En 1992, son parcours professionnel, le porte pour la première fois parmi les candidats sélectionnés pour représenter la France au concours mondial des sommeliers. En septembre à Rio au Brésil, devant 35 candidats, représentant 20 pays, il remporte le premier prix », note sa biographie officielle.

L’après-victoire : reconnaissance et responsabilités

Cette consécration mondiale transforme sa vie. Les médias s’intéressent à lui, les invitations se multiplient. En 1992, il devient Maître Sommelier de France UDSF. L’année suivante, en 1993, le Guide Champérard le désigne « Personnalité de l’année ».

Mais Philippe Faure-Brac ne se laisse pas griser par la gloire. Il retourne rapidement à son Bistrot du Sommelier, conscient que c’est là, au quotidien, auprès de ses clients, qu’il peut véritablement exercer son art. « Quand je passais des épreuves je ressentais un immense plaisir », confiera-t-il. « Il ne faut pas « jouer » le concours mais le vivre. »

Le créateur de la section sommellerie aux MOF

En 2000, Philippe Faure-Brac accomplit un acte fondateur pour la profession : il crée l’option Sommellerie au prestigieux concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » (MOF). Jusqu’alors, ce concours d’excellence qui décerne le fameux col bleu-blanc-rouge ne comportait pas de section dédiée à la sommellerie.

Cette création représente une reconnaissance historique du métier de sommelier au même titre que les autres métiers d’art et de bouche.

Depuis 2000, Philippe Faure-Brac assure la présidence de cette section, veillant à maintenir un niveau d’exigence absolue et à perpétuer l’excellence française dans ce domaine.

MOF Honoris Causa 2015 : une consécration symbolique

En avril 2015, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, Philippe Faure-Brac reçoit la médaille Honoris Causa du prestigieux concours MOF. Cette distinction honorifique, qui reconnaît l’ensemble de sa carrière et sa contribution exceptionnelle à la profession, l’émeut profondément.

« Un des « Meilleurs Ouvriers de France » », ce titre qu’il décerne depuis quinze ans aux meilleurs sommeliers de France, lui est attribué à son tour. Non pas par le concours, mais par reconnaissance de ses pairs pour avoir élevé le métier et créé cette section.

Air France et le Concorde : sommelier des airs

Au-delà de son restaurant, Philippe Faure-Brac développe des collaborations prestigieuses. De 1998 à mars 2005, il est en charge de la sélection des vins de la cave volante de la compagnie aérienne Air France. Une responsabilité considérable qui l’amène à composer des cartes adaptées aux contraintes de l’altitude et aux goûts d’une clientèle internationale.

Plus prestigieux encore, il fut le sommelier du Concorde, l’avion mythique qui reliait Paris à New York en trois heures trente. Choisir les vins pour les passagers de ce fleuron technologique français représentait un honneur et un défi. Comment les vins se comportent-ils à 18 000 mètres d’altitude ? Comment adapter les accords dans un contexte si particulier ?

Une expérience fascinante qu’il mène à l’Aiguille du Midi, à 3 842 mètres d’altitude, démontrant que les vins prennent de l’arôme et du bouquet en très haute altitude. Ces recherches empiriques contribuent à mieux comprendre les phénomènes de dégustation en conditions extrêmes.

Président de l’Union de la Sommellerie Française (2016-2023)

En novembre 2016, lors de l’assemblée générale qui se tient à Toulouse en marge de l’élection du Meilleur Sommelier de France, Philippe Faure-Brac est élu président de l’Union de la Sommellerie Française (UDSF). Il succède à Michel Hermet et devient le huitième président de cette institution créée en 1970.

L’UDSF réunit alors 1 300 sommeliers répartis dans 21 associations régionales. « Ma présidence sera placée sous le signe de la passion, de la formation et de la transmission », annonce-t-il dans un communiqué. Son ambition est claire : moderniser l’UDSF, accroître la reconnaissance du métier et son attractivité auprès des jeunes.

2023 : organiser le Mondial à Paris

Sous sa présidence, l’UDSF remporte le droit d’organiser le Concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde 2023 à Paris. Un événement historique, 34 ans après la dernière édition française. Du 7 au 12 février 2023, Paris La Défense Arena accueille 68 candidats représentant 65 pays.

Pour la première fois, la finale est ouverte au grand public. Philippe Faure-Brac, qui avait remporté ce même concours 31 ans plus tôt à Rio, préside l’organisation de cet événement planétaire. « C’est donc avec l’UDSF présidée par Philippe Faure-Brac, lui-même Meilleur Sommelier du Monde 1992 », souligne le communiqué officiel.

En 2023, Philippe Faure-Brac passe le relais à Fabrice Sommier, devenant président d’honneur de l’UDSF. Sept années intenses durant lesquelles il aura œuvré sans relâche pour la profession.

Une philosophie : l’école des émotions

Au-delà des titres et des responsabilités, Philippe Faure-Brac a développé une philosophie personnelle de la dégustation et des accords mets-vins qui transparaît dans tous ses travaux.

Le vin, vecteur d’émotions

« Avec Philippe Faure-Brac, le temps de la dégustation s’inscrit à l’école des émotions », résume la quatrième de couverture de son dernier livre. Cette formule n’est pas anodine. Pour lui, le vin n’est jamais une fin en soi mais un vecteur d’émotions, de souvenirs, de partage.

« Apprendre à déguster un vin, c’est s’inscrire à l’école des émotions et des plaisirs », explique-t-il. « La dégustation fait appel à notre capacité à réfléchir ou à explorer nos références personnelles. Elle s’inscrit dans l’univers personnel de chacun mais éveille notre curiosité envers d’autres cultures. »

Cette approche humaniste du vin, loin des cotations et du fétichisme des étiquettes, caractérise son enseignement. « En se gardant de devenir ce que l’auteur appelle un « buveur d’étiquette » », note un critique. Pour Philippe Faure-Brac, le meilleur vin est celui qui procure du plaisir dans un contexte donné, avec des personnes choisies.

L’accord parfait : une quête d’harmonie

Son approche des accords mets-vins repose sur quelques principes simples mais exigeants. « Il faut respecter les différences de goût mais éviter les fautes de goûts », glisse le maître sommelier. « Quel que soit la méthode choisie, l’essentiel est de ne jamais oublier l’objectif final : réaliser une combinaison qui, par le biais des parfums et des matières fusionnés, créera une émotion forte et deviendra, à table, source de plaisir. »

Cette quête d’harmonie guide toute sa démarche. Il refuse les règles trop rigides, préférant l’intelligence situationnelle. Un Côte-Rôtie, son vin préféré, l’accompagne idéalement avec une belle pièce de bœuf grillée, sauce lie de vin et quelques truffes. Mais l’accord parfait dépend aussi du moment, de la compagnie, de l’ambiance.

« Le moment, la température ambiante, les gens avec qui on est changent complètement la perception d’un vin », confie-t-il. « Souvent, on me demande quel est le moment idéal pour goûter tel ou tel vin. C’est quand vous êtes avec des gens qui correspondent exactement à ce moment que vous avez envie de partager. »

Un passeur de savoir : livres, médias, formation

Philippe Faure-Brac n’a jamais gardé son savoir pour lui. Depuis des décennies, il multiplie les actions de transmission sous toutes ses formes.

Une œuvre littéraire imposante

Philippe Faure-Brac est l’auteur de nombreux ouvrages publiés principalement chez EPA éditions et Le Chêne :

  • La Cave idéale (1998)
  • Le Livre de cave (1998)
  • Bordeaux : le choix du sommelier (2000)
  • Saveurs complices : des vins et des mets (2002)
  • Vins et mets du monde : Saveurs complices (2004, avec Jean-Charles Vaillant)
  • Accords Vins et Mets selon Philippe Faure-Brac (2020)

Ce dernier ouvrage, paru en 2020, représente la somme de plus de trente ans d’expérience. Magnifiquement édité, avec 455 pages et 100 recettes détaillées, il s’impose immédiatement comme une référence. « Il était attendu ce livre qui synthétise le métier et les plaisirs de toute une vie de sommelier », écrit un critique.

Le livre mêle plats classiques français et influences internationales (chili con carne, sushis…), témoignant de l’ouverture d’esprit du sommelier.

Chaque accord est accompagné d’une fiche technique du vin, d’une recette détaillée, d’explications et d’alternatives.

Présence médiatique : chroniqueur et animateur

De 1992 à 1995, Philippe Faure-Brac est chroniqueur sur Europe 1. De septembre 1996 à juin 1998, il tient une chronique Vins et Mets le vendredi dans l’émission Les Beaux Matins sur France 2, aux côtés d’Olivier Minne et Marie-Ange Nardi. De janvier à juin 1999, il anime la chronique hebdomadaire Saveurs sur France 3 Régions.

Depuis plusieurs années, il co-anime tous les week-ends l’émission « In Vino » sur BFM, aux côtés d’Alain Marty. Cette présence médiatique régulière lui permet de toucher un public bien plus large que les seuls professionnels et de démocratiser la culture du vin.

Un engagement pour la jeunesse

« Notre rôle de sommelier, c’est d’amener les gens à goûter ce qu’ils ne connaissent pas », affirme-t-il. Cette mission pédagogique, il l’exerce particulièrement auprès des jeunes. Président de l’option Sommellerie au MOF depuis 2000, président de l’UDSF de 2016 à 2023, il a consacré des milliers d’heures à la formation des futures générations.

« Dans notre métier de pâtissier, la transmission est à la fois un plaisir mais aussi un devoir », confie-t-il. Son conseil aux jeunes sommeliers ? « Il faut se préparer à fond pour ne pas avoir de regrets et apprendre d’une façon méthodique sans oublier le côté pratique. Un sommelier n’est pas qu’une encyclopédie vivante. Il ne doit pas oublier la dimension humaine, les sensations et aussi ses souvenirs. »

Distinctions : un palmarès exceptionnel

Le parcours de Philippe Faure-Brac est jalonné de récompenses qui témoignent de la reconnaissance de ses pairs et des institutions.

Les titres professionnels

  • 1984 : Meilleur Jeune Sommelier de France (Trophée Ruinart)
  • 1988 : Meilleur Sommelier de France
  • 1992 : Meilleur Sommelier du Monde (Rio de Janeiro)
  • 1992 : Maître Sommelier de France UDSF
  • 2015 : MOF Honoris Causa

Les distinctions honorifiques

  • 1993 : Personnalité de l’année (Guide Champérard)
  • 1995 : Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole
  • 1996 : Nef d’Or de l’Entreprise (Chambre de Commerce de Paris)
  • 2005 : Chevalier de l’Ordre National du Mérite
  • 2018 : Officier de l’Ordre du Mérite Agricole
  • 2025 : Personnalité de l’année – Grand Prix de la Revue du Vin de France (au titre de l’UDSF, avec Fabrice Sommier)

Les prix littéraires

  • 1999 : Prix du Meilleur Livre de Cave (Salon du livre et du vin de Saumur)
  • 2000 : Gourmand World Cookbook Awards – « Special Award of the Millenium » pour Les Vins du Siècle
  • 2004 : Prix Edmond de Rothschild pour Vins & mets du Monde
  • 2005 et 2007 : Lauréat du Grand Prix de la Presse du Vin
  • 2006 : Gourmand World Cookbook Awards (Pékin)

L’homme derrière le sommelier : discrétion et passion

Au-delà des titres et de la notoriété, Philippe Faure-Brac reste un homme discret, attaché aux valeurs familiales et à la convivialité.

Il se marie le 3 juin 1989 avec Nadine Padovani, avec qui il a deux enfants, Célia et Mathias. Bien que divorcés, le couple reste associé dans la gestion du Bistrot du Sommelier, témoignant d’une capacité à séparer vie privée et professionnelle. Philippe Faure-Brac vit aujourd’hui avec Alexandra Del Medico et ses deux enfants, Matthieu et Thomas Six.

Un homme de terroir et de traditions

Associé depuis 2007 au Domaine Duseigneur, Philippe Faure-Brac ne se contente pas de déguster et recommander des vins : il participe activement aux choix des cuvées et des assemblages. Cette immersion dans le monde viticole lui permet de comprendre de l’intérieur le travail des vignerons, leurs contraintes, leurs choix.

« Toujours très présent sur le terrain auprès des viticulteurs », note sa biographie, il entretient des relations privilégiées avec de nombreux producteurs. Cette proximité avec les vignerons nourrit sa connaissance et son respect pour le travail de la vigne.

L’anecdote du chabrot

Une anecdote révèle sa personnalité attachante. Lors d’un repas entre gastronomes, Philippe Faure-Brac, membre du GJE (Club des Gastronomes des Entreprises), se lève et demande l’autorisation de faire chabrot avec son reste de velouté de champignon et un Château Cheval Blanc 1998.

Pierre Lurton, directeur des châteaux d’Yquem et de Cheval Blanc, lui répond en versant le fond de son verre dans le potage. Tout le monde fait de même. « Si faire chabrot est aujourd’hui considéré comme un geste démodé et rustique, il peut se faire dans tous les milieux et dans un esprit de connivence et de convivialité », souligne le récit de cette scène.

Cette version moderne du chabrot – dégusté à la cuillère plutôt que directement à l’assiette – illustre parfaitement l’esprit de Philippe Faure-Brac : respecter les traditions tout en les adaptant, créer de la convivialité autour du vin, ne jamais se prendre trop au sérieux.

Engagements et vie culturelle

Au-delà de la sommellerie, Philippe Faure-Brac mène une vie culturelle riche. En 2008, il rejoint « La Télé qui Chante », troupe de personnalités du petit écran créée par Gérard Holtz et Christian Jasko. Cette troupe se produit sur scène au profit d’œuvres caritatives.

En octobre 2011 et septembre 2012, il se produit sur la scène de la Comédie-Française, au Studio Théâtre et au Théâtre Éphémère, dans le cadre de La Lecture des Sens en duo avec le comédien Laurent Stocker, et du Dîner de Don Juan. Ces expériences théâtrales témoignent de son ouverture culturelle et de sa volonté de faire dialoguer le vin avec d’autres arts.

Membre de l’INAO et du bureau international de l’ASI

De 1998 à 2004, puis de 2007 à 2022, Philippe Faure-Brac est membre du comité national de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité). Il participe ainsi à la gouvernance des appellations d’origine contrôlée françaises.

Depuis 2003, il est délégué auprès de l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI), et depuis octobre 2004, membre du bureau international. En 2007, il en devient le trésorier. Cette implication internationale témoigne de son engagement pour la profession au-delà des frontières françaises.

Un art de vivre : le vin et le plaisir

Si Philippe Faure-Brac connaît des milliers de vins, il ne se définit pas comme un collectionneur obsessionnel. « En réalité, j’en goûte beaucoup, mais j’en bois assez peu. Je peux m’en passer, je ne suis pas accro », confie-t-il avec franchise. « Et je dissocie rarement le vin du repas qu’il accompagne. Je suis passionné par les accords mets-vins. »

Le souvenir d’un Haut-Brion 1929

Interrogé sur le vin le plus marquant de sa vie, il évoque un moment magique : « J’ai goûté un Haut-Brion 1929, un vin de légende, la bouteille était incroyablement bien conservée. Quand on l’a dégustée à l’aveugle, on pensait qu’il avait entre dix et vingt ans… C’était magnifique. »

Ce souvenir illustre sa philosophie : le vin n’est jamais meilleur que lorsqu’il est partagé dans des conditions optimales, avec les bonnes personnes, au bon moment. « Le moment, la température ambiante, les gens avec qui on est changent complètement la perception d’un vin. »

Un coup de cœur récent : Côte-Rôtie et Côtes du Rhône

Interrogé sur ses derniers coups de cœur, Philippe Faure-Brac cite un Côtes du Rhône du Domaine Rouge Garance et confirme sa passion pour la Côte-Rôtie. « Il y a un accord mets-vin que vous affectionnez particulièrement ? Il y en a des centaines ! Celui qui me vient spontanément à l’esprit, c’est une belle pièce de bœuf grillée servie avec une sauce lie de vin et quelques truffes. Et pour l’accompagner je choisirais un Côte-Rôtie qui est mon vin préféré. »

Cette fidélité à la vallée du Rhône septentrionale témoigne de son attachement à des vins de caractère, élégants et complexes, capables de vieillir magnifiquement.

L’héritage d’un bâtisseur

À 64 ans, Philippe Faure-Brac peut contempler avec fierté l’héritage qu’il laisse à la profession. Par son parcours exemplaire, ses victoires en concours, sa présidence de l’UDSF, la création de la section sommellerie au MOF, il a contribué à élever le métier de sommelier au rang qu’il mérite.

Un modèle pour la profession

« Philippe Faure-Brac est un professionnel du vin qui affiche un parcours sans faute. C’est un modèle, pour ne pas dire LE modèle pour de nombreux sommeliers »

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